Lorsqu'on a demandé à Shantel Nawash de réaliser un logo pour Petro-Canada, elle savait qu'elle voulait qu'il soit fonctionnel. Elle ne voulait pas que ce soit simplement accroché dans le hall d’entrée, elle voulait qu’on puisse le porter lors d’événements, qu’on puisse le voir. Elle a donc choisi de réaliser un médaillon. « Le perlage est complexe et prend beaucoup de temps. Quand on crée avec ses mains, il y a une notion d'authenticité. Il y a quelque chose de très sacré. C'est une partie de soi. »
Shantel pratique le perlage depuis un peu plus de six ans, et elle s'est d'abord adonnée à cet art pour « être plus traditionnelle ». Sa famille biologique est anichinabée (ojibwée) et sa famille traditionnelle est pied-noir, de la Nation Siksika; elle s'est récemment fait attribuer son nom pied-noir – Siimohakii, ou gardienne de la paix.
Shantel a appris le perlage auprès d'amis proches et de connaissances qu'elle a rencontrées dans le cadre du Programme pour étudiants autochtones à Suncor. Elle a aussi appris en regardant des vidéos YouTube. Ses créations perlées sont souvent des combinaisons intéressantes de choses qu'elle aime. Lorsqu'elle choisit l'article ou la conception qu'elle créera pour quelqu'un, l'idée lui vient souvent lorsqu'elle apprend à connaître la personne ou qu'elle découvre l'utilisation prévue de l'objet.
Shantel souligne qu'elle doit avoir le bon état d'esprit pour pratiquer le perlage. « Le perlage est une pratique très sacrée. Mon énergie se transmet dans le travail que je crée. Je veux avoir un esprit très clair quand je commence un projet. Je ne vais pas toucher aux perles si je n'ai pas le bon état d'esprit. » Pour aider à garder un esprit clair et à canaliser son énergie, Shantel fait brûler de la sauge au début d'un projet et au cours de celui-ci.
En plus d'être une artiste du perlage, Shantel travaille à temps plein à Suncor depuis 11 ans. Elle est également responsable du cercle de la sensibilisation culturelle pour Horizons, le groupe d'inclusion des employés autochtones de Suncor. Le cercle de la sensibilisation culturelle est axé sur la narration, une pratique qui interpelle Shantel. « Le perlage est une forme de narration. À l'origine, les perles étaient créées à partir de pierres et d'os. Souvent utilisées pour les échanges ou comme monnaie, les perles sont l'une des traditions les plus anciennes dans la culture autochtone. »
Lorsque Shantel a commencé à collaborer avec Suncor en vue de soutenir la culture autochtone, elle a été surprise de constater à quel point cette dernière était peu connue, de la simple bannique aux questions plus complexes comme l'histoire des pensionnats au Canada. « Ce n’est pas que ça n’intéresse pas les gens. C’est qu’ils ne savent pas. Et comment peut-on s'intéresser à quelque chose que l'on ne connaît pas? C'est pour cette raison que la visibilité est vraiment importante. Tout au long du mois (national de l'histoire autochtone), je porterai ma jupe à rubans et mon foulard de Kokum. Plus on a de visibilité, mieux c'est! »
Un sous-produit de la visibilité est la compréhension. « Les Autochtones ne cherchent pas à culpabiliser les gens, mais veulent plutôt qu'ils comprennent. Il y a tant de personnes qui sont directement affectées par le passé. Ma grand-mère fait partie des FFADA; mon père a été enlevé durant la rafle des années 1960. Les gens sont affectés par ce traumatisme générationnel – c'est récent... on doit parler de ces événements. Oui, ils sont sombres et crus, mais en parler, ça aide. On favorise la compréhension quand on en parle. Même dans le milieu des affaires. »