Soutien aux athlètes paralympiques canadiens sur place lors des Jeux – une entrevue avec Catherine Gosselin-Després

Le 3 décembre a lieu la Journée internationale des personnes handicapées, une journée qui nous permet de réfléchir à la façon dont nous pouvons protéger les droits et le bien-être des personnes handicapées et assurer l'inclusion du handicap dans notre société. En recherchant #JIPH, je me suis souvenue d'un profil fascinant que j'ai lu plus tôt cette année pendant les Jeux paralympiques à Tokyo à propos d'Ottobock (anglais seulement) – un important fournisseur mondial de prothèses et d'orthèses. Il s'agit également d'un partenaire mondial du Comité international paralympique. À tous les Jeux paralympiques depuis ceux de 1988 à Séoul (anglais seulement), Ottobock offre un centre de réparation technique où tout athlète paralympique peut se rendre pour obtenir des réparations sans frais de fauteuil roulant, de prothèse ou d'autre équipement.

À Tokyo, le centre de réparation d'Ottobock, situé au Village paralympique, occupait plus de 700 mètres carrés et comptait une équipe de 106 personnes. Ottobock a apporté 17 000 pièces de rechange et 18 tonnes de machinerie au Japon, et a traité entre 80 et 90 réparations par jour.

Après m'être émerveillée de la taille et de l'ampleur du centre d'Ottobock, je me suis interrogée sur les autres questions de logistique, en plus des réparations techniques, que le Comité paralympique canadien (CPC) doit gérer pour amener Équipe Canada aux Jeux paralympiques. J'ai donc communiqué avec Catherine Gosselin-Després, directrice exécutive, Sport du CPC afin de lui poser la question.

Parlons carburant : Merci infiniment de me rencontrer aujourd'hui, Catherine! Pouvez-vous me parler un peu de votre rôle au CPC?

Catherine Gosselin-Després : À titre de directrice exécutive, Sport, je suis essentiellement responsable de l'ensemble des membres d'Équipe Canada sur place. De les amener ici et de m'assurer que nous sommes en bon état pour compétitionner. Tout ce qui concerne le Village paralympique et les relations avec nos organismes nationaux de sport, ce qui comprend les entraîneurs, les athlètes, l'équipe de soutien, etc., est sous ma responsabilité.

PC : Quels sont certains des enjeux de logistique auxquels vous devez faire face aux Jeux paralympiques?

CD : J'ai une formidable équipe qui s'occupe des relations quotidiennes avec le comité organisateur et nos organismes nationaux de sport. Si vous êtes un entraîneur ou un athlète et qu'il y a un problème avec l'équipement ou tout ce qui concerne les Jeux, vous collaborez avec mon équipe pour tenter de trouver une solution. Mais cela ne concerne pas seulement l'équipement, n'est-ce pas? Nous sommes là pour résoudre les problèmes. Il peut s'agir d'un problème avec le transport vers une installation, ou même avec les drapeaux. Nous nous occupons de tout ce qui concerne les Jeux; nous interagissons avec le comité organisateur des Jeux, puis nous transmettons toute l'information et tous les processus aux équipes de sport.

PC : À quoi ressemble la coordination du transport?

CD : Dans la plupart des sports paralympiques, il y a beaucoup d'équipement. Nous avons besoin de beaucoup d'espace dans l'avion. Les utilisateurs de fauteuil roulant ont leur chaise quotidienne, mais ils ont également un ou deux fauteuils de compétition. Un athlète type peut avoir trois ou quatre bagages en plus de deux ou trois pièces d'équipement supplémentaires. Puis, une fois que tout l'équipement arrive sur place, nous devons le transporter de l'aéroport au village et aussi à chaque installation de sport comme requis.

PC : Vous avez mentionné les drapeaux. Je me suis toujours demandé comment vous accommodiez les différents handicaps des porte-drapeaux lors des cérémonies d'ouverture et de clôture.

CD : C'est une excellente question. En fait, Ottobock a différents appareils fonctionnels pour aider les porte-drapeaux, selon le handicap. Par exemple, Brent Lakatos, qui était le porte-drapeau à la cérémonie de clôture à Tokyo, s'est rendu au centre de réparation d'Ottobock le jour avant la cérémonie afin de faire installer un support sur son fauteuil dans lequel il pouvait glisser le drapeau. Le jour suivant, il est retourné au centre pour le faire retirer.

Pour Priscilla Gagné, notre porte-drapeau de la cérémonie d'ouverture ayant une déficience visuelle, Ottobock a créé un support en bandoulière pour tenir le drapeau pendant qu'elle attendait. Puis, lorsqu'elle a commencé à marcher, elle a pu facilement sortir le drapeau du support pour le porter.

PC : Les gens d'Ottobock fournissent donc leur aide pour plus que des réparations?

CD : Oui. Des réparations. Des appareils fonctionnels pour les cérémonies d'ouverture et de clôture. Honnêtement, ils font pratiquement tout ce dont nous avons besoin. Ils sont vraiment utiles. Par exemple, notre équipe de rugby en fauteuil roulant a toujours besoin de soudures lorsqu'elle compétitionne à l'extérieur des Jeux. Elle doit donc faire des réparations sur place et faire appel à des fournisseurs de service locaux, mais aux Jeux, elle peut se rendre au centre de réparation d'Ottobock. Si la jambe de course ou de saut d'un athlète se brise, il se rendra au centre et obtiendra un meilleur ajustement. Ou même s'il s'agit de sa prothèse quotidienne. Les utilisateurs de prothèse pourraient avoir une infection à l'endroit où ils ont été amputés et lorsqu'ils se tiennent dessus pendant une longue période. Parfois, ils ont simplement besoin d'une petite quantité de coussinage supplémentaire ou quelque chose de plus complexe à régler. Un autre exemple : dans le cas de la course en fauteuil roulant, les athlètes se rendront au centre pour faire réparer leurs gants. Ottobock offre un vaste éventail de services. C'est très utile pour nous puisque cela évite à mon équipe de devoir trouver nos propres fournisseurs lorsque nous sommes sur place à Tokyo, Beijing ou Paris.

PC : Lorsque vous êtes sur place à des Jeux paralympiques, quels sont les autres éléments dont votre équipe est responsable?

CD : Nous organisons tout l'espace du Canada dans le Village paralympique; nous avons une clinique de santé, un centre d'entraînement, une zone de récupération, un service de concierge, des bureaux, des salles de réunion – nous construisons essentiellement un hôtel pour notre équipe à partir de zéro. Nous prenons le relais du Comité olympique canadien et nous apportons quelques modifications pour les besoins en matière d'accessibilité. C'est toute une organisation. Nous arrivons sur place, nous nous installons pour un mois, puis nous désinstallons le tout. Cela exige des années de planification. Puis nous remballons le tout pour les prochains Jeux. Pour tout ce dont nous n'avons pas besoin – vêtements, mobilier, nourriture – nous travaillons avec notre entreprise de transport pour trouver des organismes de bienfaisance locaux ou d'autres groupes à qui nous pouvons faire don de ces articles. Nous soutenons également nos équipes avec toute information technique relative au sport du comité organisateur dont elles pourraient avoir besoin pour une planification et une exécution optimales des Jeux.

PC : Quelle a été l'incidence de la COVID sur vos activités sur place?

CD : Il y avait beaucoup de règles à respecter. Nous avons embauché une entreprise de désinfection de qualité hôpital qui s'est rendue sur place avant notre arrivée et qui est restée pendant notre séjour pour nous soutenir quotidiennement. Nous avions également des nettoyeurs réguliers pendant les Jeux. Enfin, nous avions des codes QR pour effectuer le suivi de chaque personne qui entrait et sortait de l'espace. S'il y avait eu un cas de COVID, nous avions nos propres outils pour être en mesure d'effectuer la recherche des contacts. En temps normal, nous avons plusieurs salons intérieurs où les gens peuvent se détendre et prendre un café. Mais à Tokyo, nous avions un patio extérieur – une grande aire de repos avec des parasols, des refroidisseurs et des brumisateurs. Et aussi des téléviseurs afin que les gens puissent regarder les autres compétitions.

PC : Selon votre expérience à titre de directrice exécutive, Sport du CPC depuis 2013, quelle a été l'expérience la plus inhabituelle à des Jeux?

CD : La COVID a réellement présenté tant de défis. Nous avons mis beaucoup d'efforts sur la gestion de la COVID et les mesures de sécurité. Nous nous demandions régulièrement : « Nous sentons-nous en sécurité en tant qu'équipe? » Si oui, comment pouvons-nous continuer à aller de l'avant et nous accorder une certaine souplesse? Nous étions testés chaque jour, ce qui a procuré à toute l'équipe un plus grand sentiment de sécurité, et nous nous sommes relativement bien habitués à toutes les mesures. Je suis si fière de chacun pour cela puisque nous n'avons eu aucun cas de COVID ni aucun cas de contact étroit avec la COVID.

Comme j'ai été embauchée pour mon expertise en sport et non pour mon expérience médicale ou en épidémiologie, nous avons tous vécu une courbe d'apprentissage très accélérée. J'ai collaboré avec notre médecin en chef, le Dr Andy Marshall, et nous avons dû embaucher du personnel infirmier de contrôle des maladies infectieuses pour nous soutenir en arrière-plan. Nous leur avons régulièrement demandé des conseils et, parfois, les choses qui semblaient les plus simples exigeaient 10 étapes supplémentaires. Cela nous a réellement mis au défi de penser de manière créative.

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Catherine, merci infiniment d'avoir pris le temps de partager vos histoires et expériences à propos du soutien des athlètes paralympiques d'Équipe Canada! J'ai vraiment hâte aux Jeux de Beijing et j'ai assurément une nouvelle appréciation pour tout ce qui se passe en coulisses.

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~Kate T.

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